Des marchés de tout acabit sont transformés par les technologies. Et ces changements d’aujourd’hui pourraient bien se reproduire demain dans d’autres secteurs de l’économie. Car après tout, ce sont souvent les consommateurs qui sont au cœur de ces transformations. Voici cinq marchés à surveiller : l’immobilier, l’automobile, l’alimentation, la construction et le commerce de détail.
Immobilier : des visites virtuelles de plus en plus poussées
L’achat d’une maison passe désormais la plupart du temps par Internet. Aux États-Unis, 51 % des maisons achetées ont d’abord été trouvées sur le Web, selon le dernier rapport annuel sur les tendances générationnelles de la National Association of Realtors. Les courtiers immobiliers, eux, sont la source de seulement 28 % des découvertes, et les pancartes devant les maisons, de 7 % d’entre elles.
La tendance s’est légèrement accentuée avec la pandémie, mais Internet domine le marché immobilier depuis plusieurs années. Les différents outils virtuels offerts pour la recherche de maisons sont non seulement simples, mais aussi efficaces, assez pour être utilisés par 97 % de tous les acheteurs.
Pour se démarquer sur le Web, les courtiers immobiliers et les sites Web spécialisés exploitent donc de plus en plus de technologies, comme les drones, qui sont utilisés par 56 % des courtiers aux États-Unis.
La même tendance explique aussi la hausse des visites virtuelles, qui permettent de parcourir une maison avec des photos à 360 o ou encore grâce à une reconstruction 3D utilisant des outils simples, comme ceux de Matterport. Les visites virtuelles permettent notamment d’éviter celles inutiles, tout comme de mettre en valeur certains éléments qui se démarquent moins bien avec des photos ou des vidéos.
Quand le besoin de fidélité est plus grand ou quand il faut présenter un espace qui n’est pas encore construit (comme pour vendre un condo avant la mise en chantier), d’autres outils numériques puissants, comme le moteur graphique Unreal Engine 5, peuvent aussi être utilisés. Ceux-ci peuvent montrer de quoi aura l’air un espace en construction une fois terminé, ou même un espace vide destiné à la location pour des événements, par exemple.
Alimentation
Rares sont les secteurs qui ont connu une hausse aussi fulgurante des ventes en ligne au cours des deux dernières années que celui de l’alimentation.
C’est particulièrement vrai pour les restaurants, pour qui les applications de livraison sont désormais un passage obligé. En 2019, avant la pandémie de COVID-19, une étude de l’Université de Dalhousie estimait que 39 % de tous les Canadiens avaient utilisé une application de livraison de nourriture au moins une fois.
Et ces applications, dont la popularité a explosé avec la pandémie, ont encore le vent dans les voiles. Selon Bloomberg, les ventes trimestrielles par utilisateur de la plateforme Doordash ont plus que doublé depuis le début de la crise. Mais malheureusement, les restaurants, eux, ne tirent pas toujours profit de ces ventes, à cause notamment des frais importants imposés par ces plateformes.
Des outils, dont certains ont été développés au Québec, permettent toutefois d’offrir des livraisons du genre dans de meilleures conditions pour les restaurateurs.
La hausse des ventes en ligne s’est aussi fait sentir dans les épiceries, quoiqu’à plus petite échelle. Selon NeilsenIQ, les parts de marché de la vente en ligne de produits d’épicerie sont ainsi passées de 1,7 % en juillet 2019 à 3,7 % en 2021. Même si les parts sont encore relativement petites, la transformation s’est avérée suffisante pour inciter certains joueurs à miser gros dans le secteur. C’est notamment le cas de Sobeys-IGA, qui a mis sur pied des entrepôts entièrement automatisés pour son service de livraison Voilà. Metro prévoit aussi ouvrir un centre de distribution automatisé à Terrebonne en 2023.
Cette tendance à l’automatisation commence d’ailleurs aussi à arriver dans le secteur de la restauration. De nombreux projets ont vu le jour au cours des dernières années, tant au Québec qu’ailleurs, comme l’arrivée de serveurs robots, le lancement de robots cuisiniers et même la mise en place de restaurants 100 % autonomes.
L’automatisation ne transformera pas l’industrie du jour au lendemain, mais son importance est tout de même appelée à croitre à mesure que la technologie se peaufinera et que les problèmes de main-d’œuvre continueront de se faire sentir.
Construction
Les coûts ont explosé dans l’industrie de la construction. Entre le premier trimestre de 2021 et le premier de 2022, les coûts ont en effet bondi de 22,6 %, tant pour la construction résidentielle que non résidentielle.
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse, notamment l’appétit des consommateurs pour les nouvelles constructions et les travaux pendant la pandémie, les pénuries de certains matériaux et la hausse du prix du carburant, mais surtout la pénurie de main-d’œuvre, qui continue de faire mal à l’industrie. Au Canada, au quatrième trimestre de 2021, les employeurs du secteur de la construction cherchaient à pourvoir pas moins de 69 000 postes vacants, selon Statistiques Canada.
À court terme, de nombreuses entreprises se sont tournées vers la hausse des salaires pour attirer du personnel et conserver leurs employés. La stratégie a toutefois ses limites, et l’adoption de nouvelles technologies peut représenter une solution intéressante au problème.
Certaines entreprises accueillent par exemple des robots sur leurs chantiers, ce qui permettra éventuellement d’automatiser certaines tâches, et des outils comme la réalité virtuelle peuvent permettre de limiter les visites en personne pendant les travaux. L’intégration de technologies mobiles et de l’Internet des objets peut aussi permettre de maximiser les opérations sur un chantier et d’ainsi être plus efficace avec ses employés actuels.
Commerce de détail
Que ce soit à cause de la commodité, de la diminution des coûts, de la rapidité de la livraison (de plus en plus d’achats en ligne sont livrés le lendemain), de la multiplication des vendeurs en ligne ou des habitudes acquises pendant le confinement, la part des ventes en ligne dans le commerce au détail ne cesse d’augmenter.
En 2016, par exemple, le commerce électronique représentait 2,3 % des ventes totales au Canada, selon Statistiques Canada. En 2020, cette part était plutôt de 7,8 %. Au Québec, le taux de cyberacheteurs est passé de 58 % à 78 % entre 2017 et 2020, selon l’étude NETendances de l’Université Laval. La croissance était particulièrement marquée chez les plus de 55 ans.
Il est encore tôt pour mesurer l’impact à long terme de la pandémie sur les ventes en ligne (certaines statistiques de 2020 et 2021 sont teintées par les périodes de confinement) mais, chose certaine, de nombreux consommateurs qui auront essayé ce type de magasinage pour la première fois au cours des derniers mois ne reviendront pas en arrière.
Pour ne pas manquer le bateau, les entreprises du Québec se tournent de plus en plus vers le Web, qui n’est plus utilisé que comme une vitrine, mais aussi comme un espace transactionnel, même pour des compagnies qui ne vendaient traditionnellement leurs produits que dans leurs boutiques. Et avec les outils Web de plus en plus puissants, celles-ci peuvent même offrir une expérience personnalisée à leurs clients ainsi que des incitatifs pour revenir, et ce, tant en personne que par Internet.
La vente en ligne a aussi d’autres avantages, comme celui de permettre plus facilement la multiplication des modèles pour un seul appareil. Nike By You permet par exemple de personnaliser ses chaussures, alors que le Xbox Design Lab permet de personnaliser sa manette pour les jeux vidéo. Apple propose, pour sa part, de graver ses balises AirTag lorsqu’elles sont achetées en ligne sur le site de l’entreprise directement.
Maintenant que les ventes en ligne justifient les investissements technologiques, certaines compagnies offrent aussi une expérience encore plus personnalisée au client. La réalité augmentée, où des images numériques sont ajoutées par-dessus un flux vidéo, permet par exemple de placer un meuble IKEA dans son salon ou encore d’essayer des répliques numériques de lunettes sur son visage.
Même en personne, différentes technologies permettent à des entreprises de rehausser leur service et de moins subir les effets de la pénurie de main-d’œuvre. C’est le cas par exemple des magasins sans caisse d’Amazon Go. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’être un géant mondial de l’électronique pour offrir une telle fonctionnalité. Au Canada, l’entreprise Aisle24 permet aussi l’installation de commerces sans caisse afin d’offrir un dépanneur ouvert 24 heures sur 24 dans un immeuble résidentiel, par exemple.
Automobile : la révolution électrique arrive
La croissance des voitures électriques dans le monde au cours des dernières années s’est avérée fulgurante. En 2012, seulement 120 000 véhicules du genre avaient été vendus dans le monde. En 2021, il s’en vendait encore plus toutes les semaines, selon l’Agence internationale de l’énergie. En tout, environ 10 % des nouveaux véhicules vendus sont désormais électriques. Selon l’Association des véhicules électriques du Québec, ce sont les considérations environnementales qui poussent principalement les consommateurs vers ce type de voitures (dans 69 % des cas).
Mais ce n’est que le début. D’ailleurs, selon une étude de Deloitte, 21 % des Canadiens aimeraient que leur prochain véhicule soit électrique ou hybride rechargeable. D’ici 2030, près de 30 % des véhicules vendus aux États-Unis devraient être électriques, selon la firme de recherche EVAdoption.
Et si la promesse des véhicules autonomes venait à se réaliser à grande échelle, ceux-ci pourraient aussi inciter plus de gens à opter pour des véhicules électriques. L’industrie croit d’ailleurs toujours à l’arrivée de ce type de véhicules. Les projets pilotes de taxis sans conducteur sont de plus en plus répandus aux États-Unis et arrivent même dans de grandes villes comme San Francisco.
Une telle transformation de l’industrie nécessite de nombreux changements, notamment en ce qui concerne l’infrastructure nécessaire pour la recharge.
Même si la plupart des propriétaires de véhicules électriques utilisent leur borne à la maison, il arrive qu’une recharge à l’aide d’une borne ailleurs soit nécessaire. C’est aussi le cas pour ceux qui habitent dans un logement locatif et qui ne disposent pas d’endroit pour brancher leur véhicule chez eux. Toujours selon Deloitte, 18 % des acheteurs de véhicules électriques en milieu urbain prévoient recharger leur automobile au travail ou dans les bornes publiques (contre 7 % dans les banlieues et dans les milieux ruraux).
Pour se démarquer, de plus en plus de commerces et d’entreprises installent donc de telles bornes dans leurs stationnements, que ce soit pour attirer une clientèle supplémentaire ou pour faire plaisir à leur personnel.
Comme de nombreuses autres technologies déployées dans les autres secteurs présentés ici, ces ajouts représentent un petit plus, une façon de se démarquer des autres. Mais très bientôt, ce ne sera plus un luxe, mais une nécessité.